Le jour où Michael Jackson découvrit son Eldorado niçois
Il y a des clients qu’on n’oublie pas. Surtout quand ils s’appellent Charles Bronson, Tony Curtis, Johnny Hallyday ou… Michael Jackson. Cette histoire-là remonte à août 1988. Mais William Simon s’en souvient comme s’il avait exécuté un moonwalk en santiags. Alors que le fantôme de Jackson envahit aujourd’hui les salles obscures dans « This is it », William raconte sa rencontre du 3e type.
Depuis 1966, ce fou de rêve américain vend des articles en cuirs et peaux à l’Eldorado, à dix mètres de Jean-Médecin, rue Pastorelli. Or ce jour-là, le « roi de la pop » en personne débarque dans le plus américanophile des magasins de la ville. Incognito. Mais dans un joyeux manège de « béhèmes » et flanqué de quatre gorilles.
« Au début, je suis intrigué par tous ces types et ces grosses voitures garées en double file. Mais lui, je ne le reconnais pas tout de suite, raconte William Simon. Je le vois qui s’apprête à descendre l’escalier, alors je l’interpelle en anglais : « Stop ! Où allez-vous ? » Il me répond : « Je regarde juste ». Là-dessus, un garde du corps se penche vers moi et me souffle : « Ce type, là… C’est Michael Jackson ». Enchanté.
« Ni noir, ni blanc… gris »
David, le fils de William, a été plus physionomiste que papa. Mais le commerçant est tout sauf impressionné. « Pour moi, une personne est une personne. Point ». Celle-ci, il est vrai, ne ressemble pas à M. Toutlemonde : « Il n’était ni noir, ni blanc… Plutôt gris ! Il ne portait pas de foulard mais un petit blouson, un pantalon rayé et des baskets. Et il parlait d’une voix fluette. »
William Simon peut remercier son ami concierge au Negresco, où réside alors Michael Jackson. C’est lui qui a conseillé à l’idôle cet Eldorado, « parce qu’il voulait visiter quelque chose qui lui rappelait son pays ». Et Michael y prend goût. Il passera trois bons quarts d’heure à humer l’odeur du cuir et admirer les bottes à tête de cobra.
« Il était très simple. Ça, c’est bien les Américains !, s’exclame William Simon. Il m’a d’ailleurs demandé si j’étais moi-même américain. Il répétait : « Nice, very Nice. I like your shop » (« Joli, vraiment très joli… Votre magasin me plaît. »). Il n’a pas acheté grand-chose au final : une paire de mocassins, une ceinture et des bolo ties (cravates western) ».
Pas l’affaire du siècle, donc. Mais un joli coup de projecteur, encore aujourd’hui, sur l’Eldorado niçois de feu Michael Jackson.
Sources : NiceMaVille / mjjprocessor.com