Interview de Tito Jackson pour le magazine Vibe
A l’occasion du premier anniversaire de la disparition de Michael Jackson, son frère Tito a répondu aux questions du magazine Vibe. Découvrez ci-dessous une traduction de cet entretien.
VIBE : Que pensez-vous du fait que certains des critiques les plus acerbes de votre frère aient changé de discours au sujet de Michael après sa mort ?
Tito Jackson : Ca me rend heureux parce que j’ai toujours su que mon frère était le plus grand artiste que j’aie jamais vu. Il était unique. C’était bien avant la musique et Motown, je vous parle de l’époque où nous étions à Gary, dans l’Indiana. Je pense que Michael en était arrivé à un point où ils ne comprenaient plus le niveau qu’il avait atteint. Quand vous êtes monté aussi haut, vous ne pouvez que redescendre : et les personnes qui vous ont élevé à ce niveau sont les mêmes que celles qui vous feront redescendre. Michael n’avait aucune raison de détester quoi que ce soit ou de faire du mal à qui que ce soit. Je pense que beaucoup de gens savaient qui mon frère était vraiment mais ils ont choisi de ne pas lui attribuer ce mérite ou ce respect.
Mais ce déferlement d’amour et de respect doit avoir un arrière-goût amer pour votre famille…
Ce qui me fait mal plus que tout, c’est que j’aimerais qu’il soit là pour voir la gratitude qu’éprouve le monde envers lui. Quand on ne comprend pas ce type d’amour ou d’attention pour les gens, on a tendance à penser que ça cache quelque chose, alors qu’en réalité, c’est simple et pur. Maintenant, ceux qui le critiquaient doivent aller se cacher. Le monde a montré à quel point Michael était aimé. Maintenant qu’il n’est plus là, nous n’en aurons jamais un autre [pour le remplacer]. Tout le monde se souvient de ce petit garçon qui avait huit ans au Ed Sullivan Show. Mais je me souviens de lui cinq ans avant ça, je me souviens de l’époque où il n’était même pas encore entré à l’école et où il chantait comme un oiseau. A vous faire secouer la tête d’incrédulité !
Quelle est la dernière fois que vous avez vu Michael avant sa mort ?
Ma mère et mon père organisaient un rassemblement pour leurs 60 ans [de mariage]. Et nous étions tous là : les enfants, les petits-enfants… Nous nous sommes tous réunis dans un restaurant pour un dîner. Ca se passait à Los Angeles et ça a été la dernière fois que j’ai vu Michael. La dernière chose qu’il m’ait dite… il me faisait toujours un « hug » et je lui disais que je l’aimais, il me répondait qu’il m’aimait encore plus. Ce sont les derniers mots que j’ai entendus de mon frère.
Qu’avez-vous pensé de This Is It ?
Je ne peux pas regarder ce film. Je ne l’ai pas vu. C’est encore trop tôt.
L’audition des Jackson 5 pour Motown en 1968 fait désormais partie de la légende. De quoi vous souvenez-vous le mieux concernant cet épisode ?
Je me rappelle que Michael était comme Kobe Bryant pour les Lakers. C’est ça qu’il représentait pour les Jackson 5. Nous avions tous du talent – Jermaine, Jackie, Marlon et moi-même. Mais nous savions qu’avec Michael dans notre équipe, nous n’échouerions pas. Nous savions que nous allions décrocher ce contrat. Avant l’audition, nous avions fait un spectacle à l’Apollo et nous avions eu le choix entre aller à l’audition de Motown ou rester à New York pour passer dans le Dick Cavett Show. La moitié d’entre nous voulait rester et faire ça et l’autre moitié voulait aller faire Motown. Si nous avions fait le Cavett Show, nous aurions été regardés dans tout le pays. Il y aurait eu plus que Motown seul : nous aurions peut-être pu attirer trois ou quatre maisons de disques. Mais nous avons choisi Motown parce que nous suivions ce label depuis toujours. Tout notre style était estampillé Motown.
L’ironie du sort, c’est que Gordy ne voulait même pas vous faire passer l’audition, n’est-ce pas ?
Oui ! Berry Gordy ne voulait pas entendre parler des Jackson 5 parce qu’il avait déjà vécu un enfer à cause des travailleurs sociaux avec le petit Stevie Wonder. Il n’avait pas l’habitude de travailler avec des enfants dans le milieu et il ne comprenait pas très bien tout ça. Sa réaction ressemblait à ça : « Vous voulez dire que le gosse ne peut pas chanter les choeurs parce qu’il faut qu’il fasse deux heures de pause maintenant ? » (Tito se met à rire). « Qu’est-ce que je vais faire avec cinq gosses ? »
D’accord… J’avais un débat avec d’autres fans de Jackson pour savoir quelle était la meilleure tournée des Jacksons. J’ai choisi le Triumph Tour 1982, devant le Victory Tour 1984. Quel est votre choix ?
(Tito rit). C’est drôle parce que je trouve que le Triumph Tour était notre meilleure tournée. Même si le Victory Tour était la plus grosse tournée des Jacksons, avec les plus gros effets spéciaux, le plus gros rendement, où on jouait dans des stades énormes, ce n’était pas le meilleur spectacle des Jacksons. Souvenez-vous, le prix des places de concert posait problème. A l’époque, le prix était de 29 dollars. Ils trouvaient ça tellement élevé que la presse nous a vraiment descendus à ce sujet. Mais une semaine ou deux plus tard, Madonna a mis en vente des places qui coûtaient quelque chose comme 60 dollars. Ca justifiait notre tarif. Mais ce que j’ai vraiment détesté dans le Victory Tour, c’est le fait que Jackie n’était pas sur scène avec nous pour la plupart des dates. Il s’était cassé la jambe. Je ne crois pas que le monde ait vu les frères Jackson sous leur meilleur jour.
Y a-t-il des projets de tournée des frères Jackson pour l’avenir ?
Je pense que vous verrez les Jacksons sur scène. Vous verrez un autre type de groupe avec un son différent. La voix de Michael nous manquera toujours, c’est certain. Mais nous aurons encore les mêmes harmonies Jackson et les voix des frères. Nous avons passé toute nos vies à nous produire sur scène. Nous aimons ce que nous faisons. Je pense que Michael aurait voulu que l’on fasse perdurer l’héritage.
Dans l’ensemble, êtes-vous satisfait de la manière dont est géré le patrimoine de Michael Jackson jusqu’à maintenant ?
Jusqu’à maintenant, c’est positif. Mais cela ne fait qu’un an que mon frère est parti et tout ce qui a été fait avant sa disparition est ce qu’il est. Nous avons construit ça sur la force des Jackson 5, de Michael et de Janet. Le monde continuera à entendre la musique des Jackson. Pour les Jacksons, la chanson n’est pas terminée. Nous avons beaucoup de musique en nous.
Source : VIBE / Traduction : ElusiveShadow.com
Sujet: Interview de Tito Jackson pour le magazine Vibe 
7/7/2010, 11:35
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