Danseuse et chorégraphe, Stacy Walker a vécu les répétitions de Michael Jackson jusqu’au bout. Aujourd’hui, elle met en scène son sosie, en vue de sa venue à Genève, le 6 novembre, à l’Arena.
A Berlin, elle supervise les répétitions et la chorégraphie de «King of Pop – The Show». Ce spectacle passera par l’Arena de Genève le 6 novembre prochain. Il met en scène Earnest Valentino, danseur, chanteur et sosie de Michael Jackson, plus d’anciens musiciens de la star. Stacy Walker, danseuse, chorégraphe associée, a travaillé avec le vrai Michael jusqu’à son dernier souffle. Ensemble, ils ont répété en vue de son come-back. En exclusivité, elle raconte au «Matin» les instants quasi irréels de l’annonce de la mort de l’artiste, le 25 juin dernier, alors que la troupe travaillait à Los Angeles.
Dans quelles circonstances avez-vous été amenée à rencontrer Michael Jackson?C’était en 1996, j’avais été sélectionnée comme danseuse pour participer à «Ghost», un court-métrage fantastique de 40 minutes dans la veine de «Thriller». Mon maquillage noir recouvrait entièrement mes yeux, ce qui me permettait de fixer Michael sans qu’il puisse le savoir. J’étais fascinée et morte de trouille à la fois. C’était un être doux, d’une incroyable gentillesse. J’ai également dansé avec lui à l’occasion du «HIStory Tour».
A l’occasion de son come-back, quel a été votre rôle?J’étais chorégraphe associée, chargée de superviser la troupe des danseurs. Je devais les faire travailler afin de les intégrer dans le show.
Le soir de sa disparition, vous répétiez. Que s’est-il passé?Nous étions au Staples Center de Los Angeles. On répétait une scène dans laquelle, grâce à des effets spéciaux inédits, Michael disparaissait. Soudain, nos téléphones portables se sont mis à sonner, tous en même temps. On nous annonçait l’hospitalisation de Michael…
Vous y avez cru?Pas vraiment, nous essayions de tromper notre inquiétude en nous disant que c’était une blague, un coup de pub. Comme nous n’étions pas devant la télé, on ne se doutait de rien. Et puis Kenny Ortega (ndlr: réalisateur du film «This Is It») est apparu. Il nous a dit: «Michael est mort.»
Comment avez-vous réagi?J’ai eu une réaction de déni. J’étais tellement choquée que je n’ai pas pu exprimer mon émotion. J’avais l’impression étrange d’être dans un film. Lorsque mes larmes se sont mises à couler, après une demi-heure, j’avais toujours ce même sentiment. C’était irréel. Michael était parti et toute notre famille avec lui. Tout s’arrêtait.
En le voyant travailler tous les jours, avez-vous imaginé qu’il allait mourir?Non. Le seul endroit où il se sentait bien, c’était sur scène. Au fur et à mesure que les répétitions progressaient, il allait mieux. Cette série de shows devait sceller sa consécration. C’était pour lui, comme pour tous les danseurs, un aboutissement.
La perspective de ce retour le rendait-elle nerveux?Nous lui avions posé la question un jour et il nous avait tout simplement répondu: «Nerveux? Non. Jamais sur scène.»
Sur les dernières images, il apparaît squelettique. Cela ne vous a pas mis la puce à l’oreille?C’était sa morphologie, il était maigre. Par ailleurs, nous avions une relation professionnelle et nous ignorions ce qui se passait dans l’antichambre de sa vie. Si j’en juge par le rapport d’autopsie, ses organes vitaux fonctionnaient parfaitement.
Qu’est-ce qui a pu le mener à sa perte?Imaginez un seul instant la carrière de cet artiste, les millions d’albums vendus, les récompenses, la pression exercée sur lui, ces fausses allégations sur sa vie privée. Il a connu des hauts et des bas à des degrés inimaginables. Tout était multiplié par mille. Cela devait être invivable.
Aujourd’hui, vous répétez avec son sosie. N’est-ce pas étrange?Absolument. Earnest Valentino a non seulement la même façon de danser que Michael, mais encore il parle comme lui, agit comme lui. Au début j’étais très troublée. Hier, nous avons répété la chanson «Man in the Mirror» et je me suis effondrée en sanglots. Pour moi, c’est une thérapie.
Vous êtes l’une des rares à avoir vu le film «This Is It». Alors?Je n’ai pas le droit de vous en parler, mais le voir travailler à chaque détail de son show est spectaculaire. Ses fans, j’en suis persuadée, vont l’aimer encore plus.
Sources : lematin.ch / MJLege